Les polémiques autour de l’identité nationale et de l’immigration, ainsi que celles relatives aux statistiques ethniques, dans la sphère publique et au sein des organisations, se caractérisent généralement par une méconnaissance des processus et dynamiques historiques des flux migratoires, des résistances, peurs, et inégalités qu’ils génèrent, mais également de leurs impacts et bienfaits pour les pays d’accueil en termes matériels et immatériels.
Le constat n’est certes pas nouveau, mais il vient d’être d’être formulé de manière magistrale par Ian Goldin, Geoffrey Cameron and Meera Balarajan, auteurs d’un ouvrage dont le titre est pour le moins éloquent : « Exceptional People : How Migration Shaped Our World and Will Define Our Future » (Des Gens Exceptionnels : Comment les flux migratoires ont changé le monde et redéfiniront notre avenir), Princeton University Press, 2011. On espère sa prochaine traduction en Français. La synthèse critique de cet ouvrage se trouve sur Yale Global On Line, une publication de la prestigieuse Université de Yale, USA.
Les auteurs s’inscrivent en faux contre la tendance actuelle, laquelle vise à jeter la diatribe sur les populations immigrées, en les accusant de tous les maux, afin de justifier les pratiques et politiques publiques discriminatoires, sources d’inégalités sociales ; ils démontrent tous les bénéfices que les pays d’accueil peuvent tirer des populations immigrées à partir des données issues des champs de la recherche historique, économique, ainsi que celle des sciences sociales ; ils mettent en évidence les errements et contradictions des débats publics.
Convaincus de la nécessité de réévaluer l’impact positif des populations immigrées sur les sociétés historiques et contemporaines, Ian Goldin, Geoffrey Cameron and Meera Balarajan proposent en outre une analyse prospective sur l’évolution des flux migratoires.
Il n’est pas inutile de rappeler, à ce propos, quelques unes des conclusions du « Rapport Mondial sur le Développement humain 2009 – Lever les barrières: Mobilité et Développement Humains » publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
D’abord celle-ci : « La part des migrants internationaux dans la population mondiale s’est maintenue à un niveau remarquablement stable au cours des cinquante dernières années, aux alentours de 3 %, malgré la présence de facteurs qui auraient dû se solder par une augmentation des flux migratoires. Les tendances démographiques – le vieillissement de la population des pays développés contrastant avec la jeunesse et la croissance de la population des pays en développement – et l’augmentation des opportunités d’emploi, combinées à la baisse des coûts des communications et des transports, ont entraîné une hausse de la « demande » migratoire. Mais les candidats à la migration se heurtent à des barrières de plus en plus hautes, érigées par les gouvernements. Au cours du siècle dernier, le nombre d’États-Nations a quadruplé, pour avoisiner le nombre de 200 – soit toujours plus de nouvelles frontières à traverser. Parallèlement, de nouvelles politiques ont limité encore les flux migratoires, en dépit de la levée des barrières commerciales. »
Puis celle-là : « Ce rapport soutient que les migrants stimulent l’économie, et ce à un coût réduit voire nul pour la région d’accueil. En effet, leur présence peut avoir de nombreuses vertus. (…) Au fur et à mesure qu’ils parviennent à acquérir une meilleure maîtrise de la langue ainsi que d’autres compétences nécessaires pour grimper sur l’échelle des salaires, beaucoup de migrants s’intègrent relativement facilement. Ils apportent alors la preuve que les craintes concernant leur impossible intégration, semblables à celles exprimées au début du XXe siècle en Amérique au sujet des Irlandais, par exemple, sont tout aussi infondées aujourd’hui qu’hier.»
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