Septembre a été riche en actualité pour l’Investissement Socialement Responsable. A l’orée de la semaine de l’ISR l’EDHEC Risk Institute et les Amis de la Terre ont émis des réserves sur la performance et sur la pertinence des fonds ISR. Au-delà des observations de ces travaux et de la recherche menée sur le lien performance financière – performance RSE la question fondamentale est la suivante : comment optimiser le reporting RSE pour permettre aux investisseurs de surperformer en tenant compte des enjeux RSE ?
En l’état actuel des choses, il reste difficile pour l’investisseur d’intégrer l’information RSE à ses modèles d’analyse. Pourquoi ? Probablement parce que dans la plupart des cas les enjeux RSE propres aux entreprises analysées ne sont pas expliqués concrètement. De ce fait, les informations données manquent de pertinence au regard du business case RSE de l’entreprise et manquent de matérialité financière. Très peu d’entreprises estiment les gains économiques de leur démarche RSE. Une minorité indique clairement comment elle a adapté son business model et son offre aux enjeux du développement durable. Actuellement il existe donc un flou sur les données extra-financières qui pénalise les investisseurs qui intègrent les données ESG (environnementales, sociétales et de gouvernance) au processus de décision.
Parallèlement à l’implication croissante des investisseurs dans l’ISR les pratiques de reporting RSE évoluent dans le sens de leurs attentes. L’article 225 de la loi Grenelle II consacre le reporting RSE intégré au reporting financier, idée très largement soutenue par les métiers du chiffre. Il ne s’agit plus maintenant de proposer un maximum d’indicateurs RSE issus des grands référentiels de reporting mais plutôt de sélectionner ceux qui sont les plus pertinents, dans une logique des 20/80. C’est aujourd’hui tout le défi pour les entreprises : rapporter des informations environnementales et sociétales pertinentes pour ses parties prenantes.
Les entreprises et les investisseurs ont donc besoin d’un tableau de bord RSE d’indicateurs-clés (KPIs). Les unes pour mesurer leur performance et piloter efficacement les démarches RSE ; les autres pour intégrer efficacement l’analyse ESG au processus de décision. A l’entreprise de sélectionner des indicateurs environnementaux, sociaux, sociétaux, de gouvernance et de viabilité économique au regard des enjeux du développement durable.
La généralisation de tableaux de bord RSE de KPIs permettrait aux investisseurs de construire des stratégies ISR réellement différenciantes et créatrices de valeur. Les études théoriques et les études d’opinion sur le lien performance financière – performance extra-financière confirment un potentiel de création de valeur des démarches RSE. Les résultats des études empiriques, à partir de mesures boursières, comptables ou financières, sont eux à prendre avec précaution. Dans l’ensemble, ils concluent à un lien positif mais réduit, sans toutefois résoudre la question du sens de ce lien : est-ce que c’est la bonne performance RSE qui joue positivement sur la performance financière ? Ou est-ce au contraire ses bons résultats financiers qui permettent à l’entreprise d’investir plus en RSE? Ces travaux ont été réalisés dans un circuit de l’information ESG qui n’est pas efficient
Les démarches de RSE et d’ISR sont aujourd’hui mises au défi de la création de valeur durable. Elles seront performantes si elles seront pertinentes et si elles s’appuieront sur un reporting RSE à forte matérialité financière.